C’est
curieux comme les choses évoluent.
Je suis
tombé dans la marmite argentique il y a bien longtemps (j’avais 12 ans, j’en ai
56…faites le compte).
J’ai appris
la photo dans un club, le tirage dans un labo qui n’était même pas chauffé. Après
avoir appris, beaucoup, et ramé, beaucoup aussi, j’ai appris aux autres,
pendant plus de 20 ans. Les heures dans le labo, le traitement des pelloches,
les tirages, je connais donc pas mal. Et les produits chimiques interdits de
nos jours.
Aujourd’hui,
bien sûr, c’est le numérique qui l’emporte et beaucoup, comme nous, avons sautés
le pas. Certains restent accrochés, d’autre découvrent l’argentique, plus comme
une mode qu’un réel support artistique Il ressort même de vieux appareils,
comme les Polaroïds (d’époque, remis en état et vendus une fortune !).
Il est vrai
que le numérique a une matière que n’a pas le numérique. Toutefois, il suffit
de passer quelques heures sous « toshop » pour arriver à un résultat
bluffant. Tiré sur papier baryté, un noir & blanc numérique bien traité
rivalise, et dépasse même, un tirage argentique « 100% ». Même les
experts ne voient pas la différence (je l’ai maintes fois testé). Il est vrai
que dans ce cas là, il ne faut pas travailler en « jpeg ».
La mode est
surtout à l’argentique « raté ». C'est-à-dire aux effets et rendus,
qui bien souvent à l’époque partaient directement à la poubelle : flous de
bougés, film voilé par la lumière, forte granulation, flare, rendu du « pola »,
qui même à l’époque était très utilisé par certains artistes qui aimaient les
brûler ou décoller la gélatine pour la coller sur un autre support.
Dans les
fora et réseaux sociaux, il ne passe pas un jour sans voir des photos passées
sous « Instagram » pour les « vieillir », au format carré
(6x6), ou des traitements de rendus « rétro ».
Il est étonnant
de constater le succès de ce genre d’image. Pas plus tard qu’il y a quelques
jours, j’ai vu une demi-douzaine de photos « pola » d’une modèle qui remportait
un succès inouï !
Alors que ce n’était que, techniquement, de simples photos faite devant un rideau, à la porté de n’importe qui …. Seule différence, c’était au « pola », pas au numérique. Dans ce cas, juge-t-on la forme ou le fond ?
Alors que ce n’était que, techniquement, de simples photos faite devant un rideau, à la porté de n’importe qui …. Seule différence, c’était au « pola », pas au numérique. Dans ce cas, juge-t-on la forme ou le fond ?
L’argentique
a un coût ! Chaque image fait gling sur la caisse enregistreuse ! :
Prix de la pelloche, développement… alors qu’en numérique que vous fassiez 10
photos ou 300 photos sur la séance, le coût est exactement le même.
L’argentique
apporte t’il vraiment un plus dans la démarche artistique ??
Oui et non.
Oui, s’il y
a une réelle démarche artistique.
Non, si c’est
juste pour faire comme tout le monde et se mettre à la mode. Ce qui est
malheureusement souvent le cas.
Ce qui
compte est avant tout l’idée et le traitement artistique de l’œuvre, et là
aussi le monde a évolué, pas toujours dans le bon sens.
Combien ne
voit-on pas, surtout sur les réseaux sociaux, de félicitations, d’avis
positifs, voire même de « jouissance » devant certaines photos… vraiment
nulles !!
Je dis « nulles »
par expérience. Avec près de 45 ans de photographie, et donc de millions de
photos vues, quasiment tous les styles, je pense avoir une vague idée de ce que
peut être une bonne photo, du moins ayant un caractère artistique certain (bien
que l’art ne soit qu’un concept, tout peut être « artistique »).
On a l’impression
que les gens découvrent une image, comme une poule un couteau ! Quand on
lit leurs avis, on se demande si un jour ils ont vus une vraie photo, tellement
ils jubilent.
Devant une
photo quelconque de nana à poil, ils s'exitent comme si ils découvraient ce qu’était
un corps féminin… Quand ce n’est pas des avis sans aucun intérêt, et surtout « non
photographiques ». J’entends par là des « hô ma chérie tu es superbe »
et autres petits cœurs, quand ce n’est des avis purement sexuels (et misogynes)
sur le modèle lui-même (« quel beau
cul » etc..).
JAMAIS une
seule critique technique.
Quand je
lis par exemple « Mais quel travail cette photo !! » alors qu’elle
est d’une simplicité déconcertante : il fallait juste avoir l’idée – ce qui
est déjà en soi le PLUS important - et être là au bon moment sur cette image, car
techniquement n’importe qui pouvait la faire, même au « smartphone » !
On se pose des questions sur l’utilité d’une telle critique, à part de toucher
l’égo du photographe, sur le plan photographique elle n’a aucun intérêt (je
parle de la critique, pas de la photo). Enfin, c’est mon avis.
Je reste souvent
dubitatif, dommage qu’il n’y ait pas de bouton « j’aime pas » quelque
fois. Car inutile de donner un avis négatif, voire une simple critique, vous vous
faites de suite incendier. On ne critique jamais un « artiste » !!
J’en ai eu l’expérience et ayant le malheur de critiquer un jour un photographe
de mode, ou du moins démontré la simplicité de la photo réalisée, à la porté de
n’importe qui.
Comme
disait déjà Nadar en … 1857 !! « La
Photographie est
une découverte merveilleuse, une science qui occupe les intelligences les plus
élevées, un art qui aiguise les esprits les plus sagaces - et dont
l'application est à la portée du dernier des imbéciles. » C’est d’autant
plus vrai de nos jours, à la seule différence qu’elle est devenue tellement
banalisée qu’on ne fait plus de différence entre une bonne et une mauvaise
photo. Comme la bouffe. C'est la « Mac-DoPhoto ».
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